samedi 22 septembre 2012

Baie de Saint-Pierre 2011 : fouille programmée du site Dobban


 Ponton de débarquement de la baie de Saint-Pierre en 2011
(cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)

L’opération de fouille programmée en 2011 fait suite à la campagne de sondages de 2010. Elle est mise en œuvre par Arkaeos en étroite collaboration avec le DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) et la DRAC Martinique (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Elles est programmée dans le cadre du PCRI Poteries des îles locales ou importées sous la direction d'Henri Amouric LA3M/Université Aix-Marseille/CNRS.

Mise en place du chantier Site dobann (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)
L’action a consisté à identifier une zone de mouillage riche principalement en mobilier céramique apparent depuis la première couche de sable fin, importé et de fabrication locale, qui témoigne de  l’histoire des échanges maritimes de Saint-Pierre avec les ports des royaumes d'Europe dans une période chronologique qui s'étend du XVIIe siècle à 1902. Ces vestiges se composent majoritairement de céramiques vernies : matériaux de construction (briques, malons, tuiles), vaisselle culinaire ou domestique (marmites, poêlons, jarres, tians), mais aussi de nombreuses bouteilles en verre noir importées de toute l’Europe du Nord. Ces vestiges témoignent de l'activité importante du port de Saint-Pierre pendant trois siècles (XVIIe, XVIIIe, XIXe) et sont à mettre en relation avec les nombreuses archives (manifestes de port et cartes postales anciennes).

Plan général des fouilles, sondages et prospections à l’emplacement du mouillage historique


Il ne semble pas qu'il s'agisse précisément d'épaves mais plutôt d'un dépotoir portuaire où les accumulations seraient le résultat de rejets liés à l'activité marchande,  à la vie au mouillage, mais aussi à la conséquence de plusieurs ouragans, durant ces trois siècles et, en dernier lieu, de l’éruption volcanique de 1902.

Accumulation de marmites et blocs de granit (lest ?), secteur 2 site Dobann
(cl. P. Groscaux LA3M/CNRS) 

Sur le plan historique, ces découvertes intéressent directement la connaissance des cultures matérielles des colonies françaises d'Amérique et en particulier celle des Petites Antilles. A travers ce programme de recherches sous-marines, se développent des problématiques et des perspectives archéologiques nouvelles concernant ces régions d'Amérique où, du moins pour la période coloniale moderne, aucune équipe de recherche métropolitaine ne s'est investie, jusqu'au programme récemment mis en place par l'équipe du LA3M, dirigée par Henri Amouric et auquel l'opération Rade de Saint-Pierre est intégrée.

Petite carafe (à gauche) et pot à mélasse (à droite) de production locale issues du gisement Dobann semblables aux formes présentées par les cartes postales anciennes (ci-dessus) et copiées des modèles provençaux importés (ci-dessous, au centre) (carte postale. Coll. ANOM, cl. P. Groscaux LA3M/CNRS, Catalogue Marius Decroix – Manufacture de faïences et poteries Aubagne, sans date)


Plomb de douanes des tabacs
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)

Napoléon en cuivre
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)

Sur le plan local, l’opération a été réalisée en vue de développer l’archéologie sous-marine en Martinique en formant deux stagiaires plongeurs de Fort-de-France aux techniques de fouille, de prospections, de dessins et de conservation préventive ainsi qu’à la législation régissant les biens publics maritimes. De plus, l'ensemble des vestiges archéologiques ont été prélevés et étudiés en vue de la première exposition patrimoniale des vestiges des époques modernes qui devrait voir le jour en 2013.


Formation des stagiaires. (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)





Parallèlement à l’opération sur le terrain, une importante campagne de communication a été menée localement (journal télévisé, presse écrite, conférences publiques auprès des pêcheurs, soirée de présentation publique en mairie, présentation auprès des élus locaux à la maison du patrimoine de Saint-Pierre, visite d'une école sur site, présentation orale quotidienne par l’ensemble de l’équipe auprès des habitants et touristes informés par la présence d’un panneau exposé sur site. Ces différents indicateurs témoignent de l'intérêt porté à nos recherches et à leur poursuite.

Présentation publique organisée par la mairie de Saint-Pierre le 27 octobre 2011
en présence de M. le maire, de Michel Metery et d’Albert Falco 
(cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS)



L’étude scientifique, sous la direction de Laurence Serra (Arkaeos/docteur et chercheur associé LA3M), donne lieu à de nombreuses collaborations.



Travail à la base (cl. P. Groscaux LA3M/CNRS)



L’étude des céramiques est assurée par l’équipe du LA3M représentée par Gaëlle Dieulefet (doctorante), Lucy Vallauri et Guergana Guionova. L’analyse des sources écrites est réalisée par Henri Amouric (directeur de recherche, directeur du LA3M/UMR 9872).

(dessins de céramique G. Dieulefet, LA3M)


















L’étude de terrain est partagée entre Fabrice Laurent (Arkaeos/doctorant Lyon II) et Yves Billaud (ingénieur de recherches, DRASSM/MCC). LDRASSM était également représenté durant l’opération par (Frédéric Leroy (ingénieur d’études, responsable de l’Outre-mer).

Relevés stratigraphiques secteur 2 et 4 (cl. P. Groscaux/LA3M/CNRS,
relevés Y. Billaud, DRASSM/MCC et F. Laurent, Arkaeos)


Jean-Luc Verdier (Arkaeos) assure la mise en place du chantier et la sécurité hyperbare. L’ensemble de la couverture photographique est réalisée par Philippe Groscaux (LA3M/CNRS).

Une des missions de l’opération a été de réaliser l’inventaire et le conditionnement de chaque objet ou lot remonté en 2010. Les vestiges sont conservés à Saint-Pierre, au dépôt de la Maison du Génie. L’inventaire 2011, a également été réalisé dans sa première phase de conservation préventive. Chaque objet ou lot est accompagné d’une étiquette résistante à l’eau pendant le dessalement. Durant notre séjour, le taux de salinité des caisses de dessalement a été testé à chaque changement d’eau à l’aide d’un conductimètre selon les méthodes enseignées par la cellule conservation-restauration du DRASSM. Une formation a été donnée aux agents du SRA Martinique en charge de réaliser les tests et de nous communiquer l’évolution du dessalement après notre départ.

Inventaire du mobilier 2010 après séchage(cl. L. Serra/Arkaeos/LA3M)

Parallèlement à l’étude archéologique, une analyse géomorphologique a été réalisée par Guillaume Lalubie, docteur en géographie associé à l’AIHP- GEODE, Université Antilles Guyane. Elle consiste à faire parler la sédimentation des secteurs dégagés. Cette collaboration inscrit l’opération dans un contexte d’échange avec les programmes d’études locaux.

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