mardi 30 mars 2010

Premiers ramassages, premiers résultats


Aujourd'hui, l'équipe terrestre du LAMM, nous a rejoints.
Henri Amouric, Lucie Vallaury, Guergana Guionova et Pascal Maritaux ont effectué un tri de nos premiers ramassages.


Plusieurs remarques suite à l'observation des ensembles :

1-Leur homogénéité :

Trois carrés sont actuellement en cours de sondage et présentent le même profil.
La couche supérieure est composée de vestiges pondéreux : matériaux de construction en céramique - briques épaisses, tuiles en écaille dont certaines marquées Marseille, mallons de différentes tailles (grands carreaux).

La couche inférieure fait apparaître de la vaisselle domestique en céramique vernissée :
-marmites et poêlons de Valauris
-tians de St Zacharie (Aubagne) qui étaient utilisés pour la toilette
-pots de chambre provencaux
-fragments de jarre de Biot

2-Les vestiges observés rassemblent de la céramique "neuve" (avec quelques fragments de faïence, de verre, d'os et de charbon).
Tous ces tessons sont brûlés et les vernis ont fondu.

3-La totalité de la céramique est en provenance de Provence.

4-Les fragments de céramique ne sont pas "roulés" par la houle (cassures nettes). Ces vestiges sont donc en place.


Premières hypothèses :
Nous sommes peut-être en présence d'un chargement de poteries, d'un ou de plusieurs bateaux qui auraient coulé, retournés, suite à l'éruption de 1902, ce qui pourrait expliquer la vaisselle sous les briques. Le bois de la coque, resté hors sédiments, aurait disparu sous l'action des tarets (vers xylophages) ou des coups de mer.
Sur les cartes postales datées entre 1890 et 1902, les navires marchands sont à l'ancre à une distance du rivage qui correspond à notre site de fouille.

D'après l'inventeur, Michel Météry, nous ne sommes pas à l'emplacement de la barge de déchargement coulée par l'ouragan de 1891 et qu'il avait aperçue suite au passage du cyclone Lény en 1999.
Nous pourrions avoir affaire à la cargaison d'une goélette coulée en 1902.
À suivre...


dimanche 28 mars 2010

Rien que pour vos yeux !

À deux coups de palme de la fouille, des observateurs :

Les travailleurs de la mer

Parfois, on n'a plus tout à fait les pieds sur terre !

binôme de choc !

en deux temps : travail masculin
aérien : travail féminin

Sous l'eau ; premiers relevés


Traverser le rideau !
Pour découvrir le théâtre des opérations.

Le Site dans la rade de Saint-Pierre


Depuis le site vers la montagne pelée

Depuis les vestiges de l'éruption du 8 mai 1902,
sous le musée de Saint-Pierre,
vers le ponton et le site des fouilles.


par Laurence Serra


le ponton

au pied du ponton

La mise en place du carroyage

Les Doban'

Et voici ce que nous cherchons : en images et en musique !




Les Doban' vivantes dans la chanson créole ici interprétée par Xavier Eustache, randonneur à L'UCPA.


Une carte postale déjà publiée sur ce blog...



...et son interprétation contemporaine !

L'équipe

La pause du week-end nous laisse enfin l'occasion de nous présenter :

Voici l'équipe :



Chef de mission :
Laurence Serra, Arkaeos, doctorante Université de Provence, scaphandrier IIB.

Sa thèse a été inscrite en 2005 au LAMM/CNRS/UMR 6572, qui est à l'origine du PCR Antilles en collaboration avec la DRAC et le DRASSM/ MCC.

Chef d'Opération Hyperbare :
Marine Jaouen, DRASSM/MCC, scaphandrier IIB

Equipe de fouille :
Philippe Groscaux, CNRS-LAMM. photographie et blog, scaphandrier IB
Sandra Greck, Arkaeos. fouille, relevés et dessins, scaphandrier IIB.
Jean-Luc Verdier, Arkaeos. fouille et ingénierie technique, scaphandrier IIB/C.
Charles Arnulf, Arkaeos. fouille, scaphandrier IIB

Sur la photo nous ont rejoints :

Fernand Robert, Président d'honneur de la SRASSMF (Section de recherche en archéologie subaquatique et sous-marine de Frontignan), qui a déjà travaillé avec certains d'entre nous et qui, à l'occasion de notre expédition, vient également rendre visite à son ami Albert Falco, ancien capitaine de la Calypso.
Annie Noé Dufour, Conservatrice Régionale de l'Archéologie, Martinique.
Bernard Loncan, Conservateur du patrimoine honoraire.

jeudi 25 mars 2010

Arrivée à Saint-Pierre

Aujourd'hui : pluie tropicale.
Mise en place technique. Le site à explorer est délimité ; les relevés dessin et photo sont reportés...
L'occasion de revenir sur ces derniers jours.

jeudi 18 mars 2010

Mission Gouyer, Martinique, mars-avril 2010


L’opération « site Gouyer » ou « site aux céramiques », se situe dans le département de la Martinique (972), dans la commune de Saint-Pierre. La ville, capitale de la Martinique jusqu’en 1902, est détruite par l’irruption volcanique de la montagne pelée qui fait plus de 30 000 morts et ensevelit le port.

Les premiers colons de Martinique s'installent à Saint-Pierre dès 1635 et de là, partent à la conquête du reste de l'île. La ville se développe grâce à l'industrie sucrière et au commerce des esclaves. Le port de Saint-Pierre attire alors des navires et marchands de toute la métropole et notamment de Provence. Surnommée le Petit Paris, le Paris des Isles, la Perle des Antilles ou encore la Venise tropicale, la ville est alors le chef-lieu mais aussi la capitale économique et culturelle de toutes les Antilles, véritable plaque tournante d’un intense commerce maritime international.

L’opération d’archéologie sous-marine, prévue en mars 2010, sera portée par l’association Arkaeos, sous la responsabilité du DRASSM. Elle consistera à évaluer et préciser l'identification du gisement sous-marin qui semble constituer un important témoignage des échanges maritimes en mer caraïbe du XVIIe au XXe siècle. Compte tenu de la situation de ce gisement, les hypothèses les plus vraisemblables renvoient à l’un ou l’autre des évènements dramatiques qui marquent la vie de Saint-Pierre au tournant du XIXe et du XXe siècle : soit l’ouragan terriblement destructeur de 1891 ou l’éruption de 1902. Au vu des coordonnées du gisement signalé depuis les années 1980 par M. Météry, il pourrait s’agir des restes d’un des chalands de débarquement des goélettes qui mouillaient en eau profonde dont certaines vues contemporaines montrent le déchargement. Les assemblages visibles sur la plage, composés de céramiques d’origine provençales, semblent correspondre à ce que les ramassages effectués sur le site subaquatique Gouyer donnent à voir.

En octobre 2009, Yves Billaud, du DRASSM a réalisé une prospection sous-marine à vue. Le site se situe sur la côte, près du ponton de la Quincaillerie Gouyer. L’emprise des vestiges se présente comme un vaste champ de tessons - grands carreaux épais, tomettes à surface vernissée, tuiles mécaniques, marmites, poêlons et jattes - entre 8 et 12 m de profondeur, se détachant par place du fond de sable, dans une eau cristalline.

L’axe de recherche consistera donc à déterminer s’il s’agit d’un ou de plusieurs naufrages en lien ou pas avec les évènements de 1891 ou de 1902. Cette étude s’inscrit dans une première collaboration scientifique entre le Ministère de la culture et son Département des recherches en archéologie sous-marine(DRASSM), le Laboratoire archéologique médiéval méditerranéen (LAMM/CNRS/UMR6572) et l’association Arkaeos et entre dans le cadre du PCR « Poteries des îles françaises d’Amérique ».




Le matériel prélevé, après restauration, sera présenté lors de l’exposition, prévue sur place en 2011 au côté de celui issu de la fouille terrestre des niveaux de Saint-Pierre scellés par l’éruption de la Montagne Pelée, dont l’étude par les chercheurs du LAMM est en cours d’achèvement.





Laurence Serra et Henri Amouric